CONTEXTE -- all stories have a beginning.

⟨ You only fail when you stop trying ⟩ Jane, quatre-vingt-six ans se remémore avec tendresse, sa vie alors qu’elle en est à son crépuscule. Cette vie qu’elle a vécu avec bonheur et entrain alors même qu’elle ne lui a guère fait de cadeaux. Si elle ne retient aujourd’hui que le positif, elle reconnaît que la vie n’obéit pas à cet adage pourtant populaire. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. La vie est faite de montagne-russes. La vie est un ouragan, une mer agitée, puis un silence soudain, des larmes de joie comme de tristesse, des émotions décuplées, de l’épuisement, de l’excitation intense, de cassures, de fêlures, de réconfort et de cœurs brisés. La vie n’a pas de loi, la vie n’obéit à rien d’autres qu’à sa propre réglementation, oeuvrant pour des valeurs qui lui sont propres. Elle ne peut pas être dictée, malgré toutes les tentatives. Gouvernée par ses aléas et les émotions de tout un chacun, la vie est à l’image d’une divinité, gouvernant comme elle l’entend sur un monde en feu à sang. Un monde en crise, en récession, puis en excédant. Un monde qui évolue sans cesse et dans lequel il s’agit de s’adapter, malgré les obstacles se dressant sur son chemin.

Lorsque Jane regarde avec tendresse son arrière-petite-fille, encore émerveillée par la vie, cela détonne avec la crise d’adolescent baigné dans les pics d’hormones de son frère aîné, actuellement en pleine recherche de son identité. Sa petite-fille, qui a eu une vie mouvementée, vient de divorcer de cet homme qui a abimé sa peau plus d’une fois, laissant des cicatrices sur une vie parsemée de désillusion. Heureusement que ses enfants sont là, quand bien même parfois, des idées noires la submergent. Jane essaie d’être présente pour elle, d’être une épaule bienveillante quand elle se résout à reconnaître que tous les êtres humains ne sont pas à son image et que la diversité de ce monde fait parfois naître des monstres, prenant en victime les plus belles âmes. Son fils, lui, a déjà bien vécu. Il est agacé. Agacé de cette vie qui ne lui fait pas de cadeau, de cette santé vacillante et de ces voisins qui font la fête jusqu’à pas d’heure. Il n’a plus vraiment la notion de mesure et râle en permanence, plongé dans son fauteuil électrique.

Et pourtant, malgré tous les torrents, malgré les tsunamis et les péripéties de la vie, aujourd’hui ils sont tous là. Réunis pour l’anniversaire du petit dernier de cette famille recomposée. Il fête sa première année de vie et tout le monde semble s’en ravir. Tout le monde est heureux, affichant un magnifique sourire, quand finalement, chacun sait que ce n’est qu’illusion, que façade et qu’ils se battent actuellement contre leurs propres démons, tentant de se débarrasser de ces chaînes pour vivre ce bonheur tant recherché, pourtant à la portée de tous. Ils admirent cet enfant qui est à l’orée de sa vie et qui n’a pas la moindre conscience de ce qui l’attend. Comme vous, comme nous, comme l’ensemble des êtres humains, gouvernés par les surprises de la vie, qu’elles soient heureuses ou malheureuses.